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Comme tout les mercredis, Elisa et ses amies jouaient au parc. Elles en profitaient pour rigoler, partager leurs friandises et chantonner le dernier extrait de la comédie musicale du moment. C’est Chloé, la plus jeune de la petite bande qui le remarqua en premier. N’arrivant pas à faire sortir ne serait-ce qu’un petit son de sa bouche grande ouverte, elle donnait l’impression de vouloir gober les mouches. Mais ces yeux reflétant la peur faisaient vite oublier cette drôle d’image.

Il s’avançait vers elles d’un pas nonchalant. Il était presque comme tous les garçons et filles de son âge. Mesurant environs 1mètre 50, il portait fièrement sa tenue débraillé censé être à la mode, il avait de très beaux yeux verts émeraude mis en valeurs par le brun de ses cheveux soigneusement gélifié et un regard perdu probablement dans ses pensées. Il était presque comme tout le monde, car un seul détail se détachait des autres : sa bouche. Elle était cousue. Une très belle couture soit, mais qui l’empêchait comme vous pouvez vous en doutez de prononcer le moindre mot. Autours de son cou se trouvait une petite pancarte indiquant l’avertissement suivant : « Ne pas retirer les fils sous risque... » La fin de la phrase n’était plus indiquée, effacé par l’effet du temps.

Elisa abandonna ses amies pour aller à la rencontre de cet étrange individu. Au contraire de ses copines elle semblait plus intriguée qu’apeurée.

- Pourquoi as-tu la bouche cousue ?

Il baissa la tête, ne pouvant lui répondre.

- Tu as un nom au moins ?

Acquiesçant, il s’agenouilla par terre. A l’aide de son doigt, il écrivit son prénom : Allen. « C’est un joli prénom » l’entendait-il dire. Alors qu’elle s’approchait de lui pour lire la recommandation sur la pancarte, lui se plongeait de nouveau dans sa mémoire. Il ne se souvenait même pas avoir déjà prononcé son nom et plus il y réfléchissait et plus il se rendait compte qu’il n’avait aucun souvenir en rapport à son nom, son origine, ses parents… La seule chose dont il se souvenait c’était d’avoir traversé la rue et de s’être trouvé face au parc et désormais face à Elisa. Comme si tout ce qui c’était passé auparavant n’avait jamais eu lieu.

Le temps qu’il ressorte de ses pensées il ne put que constater Elisa en train de défaire ses fils tendrement.

- C’est injuste que tu ne puisses pas prononcer un si beau nom.

Allen voulait se débattre, l’empêcher de continuer mais il ne pouvait que constater son impuissance. Son corps ne bougeait pas, comme si au fond, il n’attendait que ça, qu’Elisa termine ce qu’elle avait commencé. Alors qu’il ne restait plus qu’une attache à enlever, Allen pris la main d’Elisa. C’était désormais son regard qui reflétait la peur. Elle tenta de le rassurer et enleva le dernier fil. Une larme coulait le long de la joue d’Allen.

- Merci…

Elisa lui renvoya un sourire. Alors qu’elle s’apprêtait à l’inviter à rejoindre ses amies, elle vit avec horreur ses propres lèvres se nouer petit à petit et la pancarte que portait Allen se trouvait désormais autour de son cou. Elle essaya tant bien que mal de défaire ses fils mais à chaque fois ils se reformaient devenant de plus en plus difficile à enlever. Elle regarda Allen avec incompréhension. Il ne pu que lui répondre un faible « je suis désolé » avant de voir s’envoler une lumière opaque, provenant de son cœur. Le temps de fermer les yeux et d’espérer que tout ceci n’était qu’un terrible cauchemar, Allen avait disparu ainsi que ses amies qui avaient pris peur.

- J’ai gagné ! C’est toi qui feras mes corvées durant toute la semaine !

- C’est de la triche ! C’était évident que ça marcherait ! Les gosses sont nés avec la curiosité comme meilleure amie ! C’était certain qu’elle allait enlever les fils pour voir ce qui se passerait…

Abhé et Woon’z regardait la scène du haut d’un gigantesque immeuble qui transperçait les nuages. Ils étaient les deux bras droit favoris de Mr. S.

A l’aide de leurs paris ils réalisaient avec brios tous les objectifs de leur patron. Un patron qui lui aussi basait ses objectifs au travers de paris avec un certain Mr. D.

- Ne soit pas mauvais perdant ! Si tu veux la prochaine fois on pariera sur des adultes ! Mais tu verras, le proverbe de ces humains « la curiosité est un vilain défaut » marche à tout âge.

Elisa quant-à-elle dût se rendre à l’évidence que la gentillesse n’avait pas sa place sur ce monde. Du haut de ses 12 ans, la bouche cousue, elle avança vers celle qui serait la future victime. Le bien n’est qu’illusion, une chose inventée par l’Homme pour se donner bonne conscience afin de protéger ses pécher. L’innocence d’une personne est aussi simple à défaire qu’un simple fil.

Mr. S pouvait être satisfait, le mal triompha du bien une nouvelle fois.

FIN



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