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Le 3 décembre 2008

Mon Zachary,

Déjà 7 mois que j'ai déménagée... tu me manques tu sais ?! T'as intérêt à dire que moi aussi je te manque !!! Ta dernière lettre m'a énormément fait rire. Merci beaucoup j'en avais bien besoin. C'est vrai que ce moment était très drôle, même si j'ai honte de l'avouer je ne m'en souvenais plus jusqu'à ce que t'en fasse référence. J'espère pouvoir revivre d'autres moments comme ça avec vous, avec toi. Je vais peut-être bientôt revenir le temps de quelques jours... Mais ceci n'est pas encore sur donc je ne veux pas lancer de fausse joie au risque d'être déçu.

Tu sais tout est différent ici... Comme je te l'ai dit dans ma précédente lettre, dès notre arrivée les gens du voisinage, nous regardait tous très bizarrement comme si ils nous en voulaient d'avoir pris la place de quelqu'un d'autre. Aujourd'hui ça ne s'est toujours pas améliorer ! Personne ne m'adresse la parole dans le quartier. Lorsque je vais au lycée tout le monde m'ignore ou parle dans mon dos... j'en ai marre tu ne peux pas savoir à quel point. J'aimerais tellement tous vous retrouver ! Qu'est-ce que je peux maudire mon père et sa putain de mutation ! Même mes parents ne se sentent pas bien ici ! Tous les soirs je prie pour que mon père démissionne et qu'on s'en aille le plus rapidement possible. Tu veux bien faire quelque chose pour moi ? Tu peux prier toi aussi ? Merci...

Désolé de mettre tant de temps à répondre à tes lettres. Ça me fait mal parfois de me dire que les seuls moyens qu'on a pour se parler sont les courriers et les coups de téléphones. Ça me manque de ne plus pouvoir entrer dans ta chambre à tout moment de la journée ou de la nuit, de ne plus me faire de soirées tv – corn flakes avec toi, nos fous-rire, nos pique-niques sous la pluie... J'espère que tes parents vont bien au fait ?! Tu leurs diras bonjour de ma part. Je suis désolé si cette lettre est courte, mais à l'heure où je t'écris il est 1h26 et je suis fatigué. Je sais tu vas te demander pourquoi je ne suis pas déjà couché ?! Je ne sais pas, j'ai peur de m'endormir en ce moment, peur de faire un cauchemar et d'y rester...

Tu me manques,

Je t'aime mon petit Zach ...

Ta chipie de Louise.


Ps : Merci pour ton petit cadeau. Je n'en reviens pas que tu t'en sois souvenu, sa me touche beaucoup.
Ps 2 : Vivement notre prochain Superman Vs Catwoman...



Trois mois que je n'ai plus eu de nouvelles après cette dernière lettre. Tous les matins lorsque je passais le seuil de la porte je fixais la boîte aux lettres espérant y trouver le soir un courrier m'étant adressé. La distance est une souffrance immense. Ne pas savoir ce qui se passe dans la vie de l'autre, ne pas pouvoir être présent dans les moments où ça ne va pas, la sensation d'être inutile... et le pire de tous : la remise en question ! « Est-ce que j'ai dit ou fait quelque chose de mal ? » Cela faisait trois mois que je me torturais l'esprit. Pourtant je savais que ce n'était pas ça ! Nous ne nous étions jamais quittés fâché et avec son caractère elle me l'aurait dit !

Assis sur le rebord de ma fenêtre je regardais les gouttes de pluie couler le long de celle-ci. Seule le bruit des gouttes s'abatant sur le toit de la maison résonnait dans ma chambre. J'ai toujours détesté les dimanches ! Pourquoi les facteurs ne travaillent pas ce jour là ? Ils ne se rendent pas compte que l'effet de l'attente peut être insupportable au bout d'un moment. Peu de voitures passaient dans ma rue ce jour là. Normal. Redescendant je retournais m'allonger sur mon lit. Les bras croisés derrière ma tête, je regardais le plafond et les deux vieilles affiches de comics qui y étaient accrochées : Superman et Catwoman. Nous pouvions rester là toute la nuit à les regarder et à inventer des histoires. Repensant à quelques un de ces moments, je me mis à sourire.



Le 16 décembre 2008

Ma tendre Louisette, (haha avoue que ça fait classe)

Bien sur que oui tu me manques ! Parfois en classe je passe plus de temps à regarder cette foutu place vide qu'à écouter le cours. Tout nos moments ensemble me manque... d'ailleurs j'ai prié comme tu m'as demandé ! J'espère que ça marchera. J'ai même prié pour que ce soit l'un de mes parents qui soit muté dans la même ville que toi ! Mais bon n'étant pas croyant j'ai peur que cela fausse la donne. Tu ne m'en veux pas ? De toute façon afin d'essayer d'égaliser nos chances, dimanche dernier je suis allé à l'église ! Pff qu'est-ce qu'il fait froid là dedans, j'suis sur que ce « Dieu » ne verrait aucune objection si on y installait un grand radiateur à l'intérieur ! J'ai même donné 5€ lors de la quête ! Ils ont intérêt à en faire bon usage !

J'aimerais tellement être avec toi et pouvoir péter la gueule à tous ces cons qui se permettent de te critiquer sans te connaitre. Je te vois déjà sourire. Mais bon évidemment avant j'aurais fait un peu de musculation ! D'ailleurs si tu étais là, tu me prendrais pour un fou. Tous les soirs je fais deux séries de 25 pompes et 100 abdos. Je ne sais pas ce qui me prend ... mais en tout cas tu peux être sur que je serais prêt pour me les faire un par un ! Et au pire si je finis à l'hôpital, on rejouera au docteur comme lorsqu'on avait 6 ans ! Tu te rappelles ? Une fois pour être vraiment malade j'avais laissé ma fenêtre ouverte toute la nuit et dormis torse-nue. Et toi, le lendemain, t'étais venu m'apporter les devoirs à faire et pendant que ma mère préparait le gouter tu m'avais fait une sorte de massage cardiaque et un bouche à bouche. Qu'est-ce que j'aimerais revenir à cette époque...

Vivement que tes parents installent internet chez toi pour que l'on puisse passer plus de temps à se parler. J'ai tellement de chose à te raconter qu'une simple lettre ne suffirait pas. D'ailleurs tu sais quoi ? Tim à une copine. Oui oui Timothy ... Bon sa copine n'est pas terrible, il pourrait avoir mieux mais sa fait plaisir de le voir enfin avec quelqu'un. A quand mon tour ? En même temps depuis la rentrée deux filles m'ont proposés mais j'ai toujours refusé. Je ne sais même pas pourquoi, elles étaient mignonnes pourtant. Oui tu peux le dire je suis un boulet. De toute façon j'ai déjà réservé ma chambre auprès des moines au cas où ...

Je dois te laisser, ma mère appel pour qu'on aille manger. Pizza ce soir ... je t'en garderais bien une part mais bon en ce moment je mange pour trois. J'ai rêvé de toi cette nuit, c'était spécial ...

Tu me manques tellement.

Mille baisers partout – Je t'aime.

Zach.

Ps : De rien pour le cadeau. Dès que je l'ai vu j'ai pensé à toi.
Ps 2 : Non en fait j'en ai pas de ps 2 mais c'était juste pour faire comme toi.




Des larmes coulaient le long de sa joue. Elle regardait défiler le décor. Les yeux mouillés et la vitesse l'empêchaient de percevoir distinctement les paysages. Elle était passée des centaines de fois par là par le passé mais elle était incapable de dire où est-ce qu'elle se trouvait. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne dormait plus et les marques de ces cernes n'en étaient que les malheureux témoins. Chaque petite secousse l'empêchait de fermer les yeux. L'expression de son visage donnait l'impression qu'elle dormait les yeux ouverts. En l'espace de trois mois elle avait pris dix ans... L'une des secousses de la voiture fit tomber un objet de la banquète arrière. Elle le ramassa et le regarda attentivement. C'était Zachary qui le lui avait offert. Ses larmes ne cessaient de couler. Il détourna son regard de la route un instant le temps d'une caresse sur sa joue et de lui prendre la main. Les siennes tremblaient. La lenteur des essuies glace contrastait avec la vitesse de la voiture. Depuis trois mois le temps s'était comme arrêté.

« - Plus tard je me verrais bien enseignante dans le primaire comme Mme Buchet. Tu te souviens d'elle ? Elle était géniale comme professeur. Tous les matins on faisait des mandalas, les vendredis après midi on chantait et elle était vraiment intéressante lorsqu'elle nous faisait cours. La seule époque où j'étais contente d'aller à l'école. Et toi t'as une idée de ce que tu voudrais faire ?
- Je sais pas ... J'aimerais bien travailler dans le journalisme, pouvoir faire des reportages un peu partout dans le monde. Mais j'adorerais pouvoir créer ma propre entreprise. Je ne sais pas encore de quoi mais sa serait sympa.
- Tu crois qu'on se parlera toujours ? Enfin je veux dire... t'as pas peur qu'on prenne des chemins différents et qu'on s'éloigne petit à petit l'un de l'autre?
- On n'a pas été séparé depuis qu'on a 3ans... je me fais pas de soucis ! »


Ce temps maussade a toujours été favorable aux coups de blues chez moi. Je continuais à me remémorer différents moment passés ensemble. Je n'avais pas besoin de les chercher bien loin, ils affluaient par centaine, comme si la source était inépuisable. Un bruit venant de la rue me fit revenir à moi. C'était une portière qui venait de claquer. Je bondis de mon lit et m'avança vers la fenêtre. Je reconnu la voiture du premier coup. C'était la même que lors de leur départ. Lorsque la sonnette retentit mon cœur s'accéléra. Je reconnu la voix. C'était la mère de Louise. Excité par leur retour je courrai jusqu'aux escaliers. C'était bien elle. Du haut des escaliers j'essayais d'entendre ce qu'elle disait à ma mère. Je n'ai pas eu besoin de rester longtemps pour comprendre ce qui se passait. Elle n'arrêtait pas de sangloter et alors que son mari était venu la rejoindre, Louise n'arrivait toujours pas. Je restais figé. J'étais comme dans une sorte de bulle, tout ce qui m'entourait me semblait si lointain. Le regard dans le vide, j'assistais à la scène sans vraiment comprendre ce qui se passait. Les parents de Louise pleuraient, les miens aussi étaient sous le choc. Elle et moi avions grandis ensemble. Je vis sa mère donner un carton à mes parents. Je tremblais. La gorge serré, les yeux rouges je ne pouvais rester plus longtemps. Je suis retourné dans ma chambre complètement perdu. Je ne voulais pas y croire. Me réinstallant devant ma fenêtre je la cherchais désespérément au fond de la voiture. Mais je ne vis que cette place vide. La même qu'en classe sauf que cette fois ci il n'y avait plus aucun espoir pour qu'elle revienne. C'est lorsque que je me mis face à cette réalité que j'ai craqué. Au même moment ces parents remontèrent dans leur voiture et repartirent.

Ma mère déposa un peu plus tard le carton près de ma porte. Elle m'avait vu en haut des escaliers et savait que ce n'était pas la peine de rentrer, cela n'aurait servit à rien. Le carton contenait pleins de photos d'elle, de nous deux, de toute la petite bande, des cd et dvd lui appartenant ou m'appartenant et qu'elle ne m'avait jamais rendu, plus tout un tas de bric à brac. Chaque objet me rappelait un souvenir. Au dessus de cette pile se trouvait une lettre. Sa dernière. Elle n'avait pas eu le temps de me l'envoyer. Je suis resté enfermé dans ma chambre presqu'une semaine avec pour seul compagnie ce qu'il me restait d'elle. Elle était ma meilleure amie et à 18 ans on ne s'imagine pas possible de la perdre aussi tôt. Ma mère m'apprendra plus tard que Louise aurait fait un arrêt cardiaque durant son sommeil.



Aujourd'hui j'ai 28 ans, une femme Caitlin et une petite fille de huit mois ... Louise. Je suis finalement journaliste dans un magazine consacré au cinéma. Je n'ai jamais eu le courage d'ouvrir sa lettre et je ne sais pas si je l'aurais un jour. C'est la seule chose qui me reste réellement d'elle. Sur mon bureau se trouve deux petites images, l'une de superman et l'autre de Catwoman. J'attends toujours cette nouvelle partie...



Le 29 décembre 2008

Mon petit Zachounet, (Vengeance !)

C'est trop gentil d'avoir prié aussi. Je suis sûre qu'à nous deux on va y arriver. Toi faire de la musculation ? Huum j'aimerais bien voir ça « Mr j'ai la flemme de bouger mes fesses du canapé pour prendre la télécommande ». Cela veut dire que tu as de beaux petits abdos maintenant ? C'est intéressant tout ça... Mais bon malgré ça, je pense qu'on sera obligé de rejouer au docteur. Tu te rappel de tellement de chose c'est incroyable. Mais dans ta lettre tu as oublié de préciser la partie où tu m'avais refilé tout tes microbes après... mais bon c'était notre premier bisou, c'était mignon quand même.

Tiens cette fois c'est moi qui me rappel de quelque chose lorsque nous étions petit. Tu te souviens de la fois où j'avais jeté de la purée dans les cheveux de cette peste d'Amélie à la cantine parce qu'elle faisait que de te coller ? Comme punition je devais recopier soixante fois « Si je veux que les autres me respecte je dois d'abord commencer par les respecter ». Tu m'avais proposé de recopier la moitié de ma punition. Sauf qu'on n'avait pas prévu que la surveillante remarquerait que ce n'était pas la même écriture. Du coup on a dû chacun recopier la même phrase soixante fois et en plus nettoyer la cantine pendant une semaine. C'était chiant mais qu'est-ce qu'on avait bien rigolé cette fois là avec les batailles d'éponges. C'est fou le nombre de chose qui se sont passé en primaire... ensuite quatre ans d'ennuie séparé par deux collèges différents, heureusement qu'on n'habitait pas loin pour pouvoir se voir. Et enfin deux années au lycée de nouveau ensemble et toujours plus proche. Géniale... Au départ de cette anecdote j'étais partis pour rire et voila que maintenant ça m'attriste. Ça me manque.

Han au fait comme j'ai pu oublier ! J'ai une très bonne nouvelle ! Lors des vacances de février je reviens te voir pendant deux semaines ! Alors prépare de quoi occuper nos journées et nos nuits, on a beaucoup de temps à rattraper...

Pfff je ne sais pas écrire de lettre, y a rien d'organisé... je serais jamais une bonne secrétaire. Tu te rappel dans ma dernière lettres je te parlais vaguement de mes problèmes des sommeils et de ces cauchemars... c'est de pire en pire. Alors que je dors je sens mon cœur battre super fort comme s' il allait exploser et mes yeux ne veulent plus s'ouvrir. Je suis plongé dans le noir et j'ai l'impression que quelque chose m'agrippe afin de m'emmener avec. Tu vas trouver ça bête mais je n'ose plus fermer les yeux le soir de peur de ne plus pouvoir les ouvrir le lendemain...

Je te laisse je vais prendre ma douche. Tu m'accompagnes ? Au fait raconte-moi ce rêve ! C'était comment ? Je veux tout savoir dans les moindres détails !

Je t'embrasse – Je t'aime

Louise

Ps : Si tu te fais moine je me fais sœur ! Sa te tente ?
Ps 2 : Envoi moi une photo de tes « abdos » que je rigole un peu.
Ps 3 (j'innove) : Bonne année en avance !

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